Jour J pour Milan-Cortina 2026. Après des mois de discussions et d’échanges souvent contradictoires avec le CIO, le comité d’organisation des prochains Jeux olympiques et paralympiques d’hiver doit prendre une décision ce mardi 30 janvier, à l’occasion d’une réunion de son conseil d’administration, sur la piste de bobsleigh, luge et skeleton. Enfin. A un peu plus de deux ans de l’événement.
Jusque-là, rien de très nouveau. Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, l’a rappelé à la mi-janvier, après la réunion à Gangwon de la commission exécutive : « Une décision sera prise avant la fin du mois de janvier ». Les Italiens sont dans les temps.
Mais, surprise, la balance semble nettement pencher pour une solution italienne. Et aller donc à l’encontre des recommandations du CIO, maintes fois répétées depuis des mois, qui insistent sur l’intérêt d’utiliser un équipement déjà existant et en état de fonctionnement, quitte à délocaliser les épreuves à l’étranger.
Andrea Vanier, le directeur général de Milan-Cortina 2026, l’a expliqué au cours du dernier weekend depuis la station de Cortina d’Ampezzo : « Nous connaissons depuis le début la position du CIO. Il est très clair qu’ils ne veulent pas nous voir construire un nouveau centre de glisse. Néanmoins, pour des raisons historiques, nous avons toujours envisagé d’avoir une piste à Cortina. Cela a été toujours une option dans nos échanges avec eux. Aujourd’hui, ils sont bien sûr très inquiets à cause des délais. Mais ce n’est pas une surprise pour eux. Nous nous parlons tous les jours. »
Le message est clair : l’Italie veut conserver sur son sol les compétitions olympiques de bobsleigh, luge et skeleton. Son gouvernement ne cautionnera pas une solution à l’étranger, en Suisse ou en Autriche. Le CIO devra se soumettre.
Longtemps fragilisée par le manque de dossiers techniques solides pour la rénovation de la piste Eugenio-Monti à Cortina d’Ampezzo, la position italienne a retrouvé dernièrement des couleurs avec le dépôt d’un projet pour l’appel d’offres lancé par les autorités. Une entreprise de construction basée à Parme, Impresa Pizzarotti & C., propose de reconstruire la piste centenaire pour un montant de 81,6 millions d’euros. Elle assure pouvoir boucler les travaux dans les temps.
La fin du feuilleton ? Probable, d’autant qu’une nouvelle voix vient de s’inviter dans le débat, pour défendre la position italienne. Elle ne manque pas d’influence. Le lugeur italien Armin Zöggeler, médaillé olympique à six éditions consécutives des Jeux d’hiver, aujourd’hui entraîneur en chef de l’équipe italienne, a pris clairement position contre une option à l’étranger.
Présent aux championnats du monde de luge à Altenberg, en Allemagne, il a expliqué son point de vue à Associated Press. « Cela demande un gros effort de voyager constamment et de séjourner dans des hôtels pour les entraînements, les tests et les courses, a-t-il insisté. Cela faciliterait beaucoup les choses si nous avions une piste à Cortina. »
Pour Armin Zöggeler, rénover la piste de Cortina d’Ampezzo s’impose pour une autre raison : les options autrichienne (Igls) et suisse (Saint-Moritz) ne remplissent pas toutes les conditions pour des compétitions olympiques.
A Igls, la zone d’arrivée de la piste est trop courte. La mettre aux standards des Jeux impliquerait un lourd investissement, dont le gouvernement italien ne veut pas entendre parler.
A Sant-Moritz, la piste est réfrigérée de manière naturelle, une configuration qui présente certains risques. « La piste de Saint-Moritz est magnifique, elle est reconstruite chaque année et les artisans font un travail formidable, explique l’ancien lugeur. Mais s’il y a une période de chaleur, le risque de ne pas pouvoir courir est réel. C’est une chose d’organiser une épreuve de Coupe du monde, mais une autre d’organiser des Jeux olympiques avec trois sports en même temps. »
La messe semble dite, donc. Gianluca Lorenzi, le maire de Cortina d’Ampezzo, n’en fait pas mystère : la décision du conseil d’administration de Milan-Cortina 2026 sera favorable à sa commune. « Nous travaillons sur un projet d’héritage, pour lequel la ville fera sa part, avec la FISI (Fédération italienne des sports d’hiver) et la région, a-t-il expliqué, cité par AP. Nous trouverons une solution. En ce qui nous concerne, la décision est prise. Cortina accueillera le bobsleigh en 2026. »