Enfin. Plus de sept cents jours après les Jeux d’hiver de Pékin 2022, l’interminable feuilleton de la patineuse russe Kamila Valieva vient de se terminer. Le dernier épisode s’est joué à Lausanne, dans le décor feutré du Tribunal arbitral du sport (TAS).
La juridiction a annoncé via un communiqué, lundi 29 janvier, avoir reconnu la jeune Russe coupable d’une infraction aux règles antidopage. Elle est suspendue pour une période de quatre ans.
Tous ses résultats depuis le 25 décembre 2021, date de son contrôle positif aux championnats de Russie de patinage artistique, sont rayés des palmarès. En tête de page, la médaille d’or décrochée par la Russie, le 7 février 2022, dans l’épreuve par équipes aux Jeux d’hiver de Pékin.
Voilà pour les faits. Ils sont limpides. Saisis par l’Agence mondiale antidopage (AMA), l’Union internationale de patinage (ISU) et l’agence russe antidopage (RUSADA), le TAS a penché du côté des instances. Son panel de juges a renvoyé Kamila Valieva loin des patinoires pour quatre ans, une sanction sans complaisance pour une première infraction, et pour une jeune fille seulement âgée de 15 ans à l’époque des faits.
Les réactions, maintenant. Satisfaction à l’ouest, notamment dans le camp des plaignants et celui des « victimes », les patineurs toujours dans l’attente de leur médaille olympique. Colère à Moscou. Rien de très inattendu.
L’AMA a dégainé son communiqué dès l’annonce de la sanction, où elle explique « se féliciter » du verdict rendu par le TAS. Son président, le Polonais Witold Banka, se montre plus offensif dans son commentaire. « Toute personne qui dope des enfants devrait être emprisonnée, suggère-t-il. Nous encourageons les gouvernements à envisager de criminaliser la fourniture de drogues améliorant les performances aux mineurs. »
Même son de cloche du côté de l’ISU. Dans un communiqué, l’instance du patinage explique « se féliciter », elle aussi, de la décision du TAS. Elle annonce la publication ce mardi 30 janvier d’une déclaration plus complète sur « les implications de la décision du TAS. »
Aux Etats-Unis, le comité olympique et paralympique a salué la sanction imposée à la jeune patineuse, synonyme d’un nouveau podium pour l’épreuve olympique par équipes aux Jeux de Pékin 2022, où la Russie avait battu la sélection américaine.
« Aujourd’hui est un jour que nous attendions avec impatience depuis deux ans, car il s’agit d’une victoire importante non seulement pour les athlètes de l’équipe américaine, mais aussi pour les athlètes du monde entier qui pratiquent le fair-play et plaident en faveur d’un sport propre, a déclaré Sarah Hirshland, le directrice générale de l’USOPC. Nous attendons maintenant le jour où nous pourrons célébrer de tout cœur ces athlètes, ainsi que leurs pairs du monde entier. »
Dans le camp d’en face, Moscou n’a pas retenu ses critiques. Le comité olympique russe (ROC) a publié un long communiqué, où il assure que la « guerre est déclarée contre le sport russe. » L’instance poursuit : « Malheureusement, la décision du TAS est négative, mais nous ne pouvons pas compter sur l’impartialité et l’objectivité de cette structure internationale, nous le savons par l’exemple des cas auxquels le ROC est partie prenante. »
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a rajouté une couche aux accusations du ROC, assurant que la décision rendue lundi 29 janvier était motivée par des « considérations purement politiques. »
La suite ? Pour Kamila Valieva, aujourd’hui âgée de 17 ans, la suspension de quatre ans ne signifie par forcément la fin de sa carrière sportive. Elle sera levée à la fin de l’année 2025. A temps, donc, pour qu’elle puisse envisager une participation aux Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026.
Pour les autres patineurs impliqués bien malgré eux dans l’affaire Valieva, à savoir les rivaux de la Russie dans l’épreuve de patinage artistique par équipes, la balle est maintenant dans le camp du CIO. L’instance devra officialiser le résultat de la compétition, où la Russie avait devancé les Etats-Unis, le Japon et le Canada. Les Américains recevront l’or, les Japonais l’argent et les Canadiens le bronze.
Sauf improbable scénario, la décision finale sera prise par la commission exécutive du CIO en mars prochain. Plus deux ans après les Jeux de Pékin.