Les athlètes russes verront-ils les Jeux de Paris 2024 ? A moins de 150 jours de l’ouverture (J – 149), et un peu plus d’une centaine de la date limite d’inscription des compétiteurs, fixée au 8 juillet, la réponse est toujours enveloppée d’un immense flou. Mais les indicateurs font nettement pencher la balance vers le non.
La première raison vient de Moscou. Les dernières nouvelles en provenance du Kremlin, relayées pour l’essentiel par l’agence TASS, suggèrent à peu près toutes la même conclusion : la Russie se prépare à refuser les conditions de neutralité imposées par le CIO à une participation d’athlètes russes et biélorusses.
Igor Levitin, l’un des assistants de Vladimir Poutine, l’a expliqué en fin de semaine passée lors d’un forum à Moscou : le président russe a chargé le ministère des Sports et le comité national olympique (ROC) de lui soumettre dans les plus brefs délais des propositions quant à une participation aux Jeux de Paris 2024.
Les deux entités devront étudier, sport par sport, les conditions et le processus de qualification, déjà débuté dans un nombre croissant de disciplines. Un état des lieux censé permettre ensuite au Kremlin de « prendre une décision », selon l’expression d’Igor Levitin.
Jusque-là, rien de très nouveau. Mais le discours se veut toujours aussi radical, à Moscou, à mesure que se rapproche l’échéance olympique. La Russie ne montre aucune volonté de compromis. Au contraire, elle continue de durcir sa position, multipliant les critiques contre le CIO et ses conditions de neutralité.
Le ministre russe des Sports, Oleg Matytsin, en a remis une couche la semaine passée, qualifiant de « catégoriquement inacceptables les actions du CIO et de certaines fédérations internationales visant à restreindre l’accès » des athlètes russes. L’ancien président de la FISU a répété, une nouvelle fois, que l’instance olympique était coupable d’une « violation directe de la Charte olympique ». Il a assuré que les exigences imposées aux athlètes de signer une déclaration de neutralité étaient « inacceptables. »
Surtout, Oleg Matytsin a préparé le terrain à un refus de la Russie d’envoyer ses athlètes aux Jeux de Paris sous conditions, en détaillant le calendrier à venir. « Nous attendons les décisions finales et les recommandations du CIO, a-t-il expliqué. Nous prendrons ensuite une décision appropriée avec le Comité olympique russe et la communauté sportive. Mais la clef sera le respect des intérêts de nos athlètes, de nos entraîneurs, et le respect de la Charte olympique. »
L’autre raison est moins directement politique, plus sportive. Mais elle aussi met sérieusement en doute la présence d’athlètes russes l’été prochain dans la capitale française. A moins de 150 jours de l’ouverture des Jeux, la route de la qualification olympique reste en effet toujours aussi obscure, voire carrément fermée.
La Fédération russe de badminton (NBFR) l’a expliqué en début de semaine dans un communiqué : ses joueurs ne sont toujours pas formellement autorisés à participer aux compétitions internationales, donc aux épreuves de qualification pour les Jeux de Paris 2024.
« Aucun de nos joueurs ne s’est vu accorder un statut neutre, a précisé un porte-parole de l’instance, cité par TASS. Nous sommes toujours exclus de tous les tournois internationaux. Nous suivons de près l’évolution de la situation actuelle. Beaucoup de choses dépendront des décisions de l’assemblée générale annuelle de la fédération internationale de badminton. » Elle est prévue le 27 avril à Chengdu, en Chine.
Pour rappel, l’instance mondiale du badminton (BWF) avait été l’une des rares fédérations internationales à ne pas suivre les recommandations de la commission exécutive du CIO de réintégrer les athlètes russes dans les compétitions. Mais elle a revu sa position et s’est rangée dans le camp de la majorité.
Pour le badminton russe, la messe semble déjà dite. Les Jeux de Paris 2024 se joueront sans ses athlètes. Son communiqué ne dit pas autre chose : « L’équipe nationale s’entraîne actuellement en Chine. Ses grands événements de l’année seront les Jeux des BRICS puis les Jeux mondiaux de l’Amitié. »