Viendront ? Viendront pas ? A 135 jours de l’ouverture, la question de la présence des athlètes russes et biélorusses aux Jeux de Paris 2024s’est doublement invitée dans l’actualité, mercredi 13 mars. Mais avec des réponses opposées.
Hasard du calendrier : le ministre russe des Sports, Oleg Matytsin, et la maire de Paris, Anne Hidalgo, se sont exprimés sur le sujet à quelques heures d’intervalle, respectivement à Moscou et dans la capitale française. Le premier a laissé entendre que le boycott n’était pas l’option prioritaire, allant ainsi à l’encontre des derniers signaux en provenance de Russie. La seconde a confié qu’elle ne « souhaitait pas » voir les athlètes russes participer aux Jeux d’été.
Anne Hidalgo, d’abord. Interrogée par Reuters, la maire de Paris a été claire : « Je préfère qu’ils ne viennent pas. Nous ne pouvons pas faire comme si l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’existait pas. Nous ne pouvons pas faire comme si Poutine n’était pas un dictateur qui menace aujourd’hui l’ensemble de l’Europe. » Voilà qui est dit.
Oleg Matytsin, maintenant. En première ligne sur le sujet, le ministre russe des Sports s’est longuement exprimé sur la participation des athlètes russes aux Jeux de Paris 2024. Surprise, il a ouvert la porte à leur présence dans la capitale française, même avec les conditions de neutralité imposées par le CIO.
« Ma position est que nous ne devons pas tourner le dos, nous isoler et boycotter le mouvement olympique, a expliqué l’ancien pongiste et ex président de la FISU. Nous devons préserver l’opportunité de dialogue autant que possible et participer aux compétitions. Cela concerne les athlètes qui ont déjà obtenu le droit de participer aux épreuves de qualification – les lutteurs, les judokas, les combattants de taekwondo, les joueurs de tennis – et ceux qui viendront les rejoindre dans d’autres disciplines sportives. »
Oleg Matytsin le sait, la question russe figure à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission exécutive du CIO, prévue les 18 et 19 mars. Elle devrait notamment discuter de la présence des athlètes neutres à la cérémonie d’ouverture. Mais le ministre russe des Sports croit savoir que l’instance olympique n’envisage pas de durcir ses conditions de neutralité.
Il l’a expliqué mercredi 13 mars : la décision d’une participation aux Jeux de Paris 2024 ne sera pas collective. Elle dépendra de la situation de chaque sport, chaque fédération et chaque athlète, les conditions de qualification étant très disparates d’une discipline à l’autre.
Mais dans tous les cas, la Russie veut se donner du temps. « Je ne suis pas favorable à la précipitation, a poursuivi Oleg Matytsin. Nous allons attendre que le CIO précise très exactement les règles et les perpectives d’une participation de nos athlètes aux Jeux de Paris 2024. Ce n’est qu’après cela, avec toutes les informations juridiques en main, que nous pourrons décider, conjointement avec les fédérations et les athlètes. »
En attendant, la Russie complète peu à peu son hypothétique délégation d’athlètes neutres. Elle s’est enrichie en fin de semaine passée de quatre nouveaux noms. Quatre spécialistes du taekwondo, deux hommes et deux femmes, qui ont décroché un quota pour les Jeux de Paris lors du tournoi européen de qualification olympique, organisé à Sofia, en Bulgarie. Parmi eux, le médaillé d’or aux Jeux de Tokyo 2020 en moins de 80 kg, Maksim Khramtsov. Un autre athlète russe, le champion olympique en plus de 80 kg Vladislav Larin (photo ci-dessus), avait déjà assuré sa qualification, plus tôt dans la saison.
Confirmée par l’instance mondiale de la discipline, Word Taekwondo, leur éligibilité à participer aux compétitions olympiques doit encore être confirmée par le CIO.