Superbe. La Hongroise Ágnes Keleti, la plus ancienne championne olympique vivante, a fêté samedi 9 janvier son 100ème anniversaire. Avec un total de dix médailles, dont cinq en or, remportées aux Jeux olympiques d’Helsinki 1952 et de Melbourne 1956, l’ancienne gymnaste est aussi l’olympienne la plus titrée de son pays. Seuls trois escrimeurs (Aladár Gerevich, Pál Kovács et Rudolf Kárpáti) ont remporté plus de médailles d’or olympiques pour la Hongrie. Aux Jeux de Melbourne en 1956, elle a décroché à l’âge de 35 ans quatre médailles d’or, devenant à cette occasion la plus vieille gymnaste féminine à remporter un titre olympique. Née Ágnes Klein, la Hongroise a commencé la gymnastique à l’âge de quatre ans, au club sportif VAC, le seul club juif de Budapest. À 16 ans, elle a remporté son premier titre national. Elle aurait dû participer aux Jeux olympiques de 1940, qui devaient se dérouler à Tokyo, mais le conflit mondial a mis fin à ses chance. En 1941, alors que la Hongrie combattait aux côtés de l’Allemagne et de l’Italie, Ágnes Keleti a été expulsée de son club de gymnastique parce qu’elle était juive et obligée de se cacher avec sa famille à la campagne. Elle a survécu après avoir pris une fausse identité et travaillé comme femme de ménage. Lorsque les nazis ont occupé la Hongrie, elle a épousé son compagnon de gymnastique, István Sárkány, pensant qu’elle aurait moins de risques d’être envoyée dans un camp de travail. Sa famille a trouvé refuge dans une « Maison suédoise » gérée par Raoul Wallenberg. Après la Guerre, elle a trouvé un emploi comme ouvrière dans la fourrure et a été démonstratrice à la faculté de gymnastique de l’école de culture physique de Budapest. Elle était également une violoncelliste accomplie et jouait professionnellement. En 1947, elle a remporté son premier championnat de gymnastique d’Europe centrale. Après les Jeux de Melbourne 1956, elle est restée en Australie, où elle a bénéficié de l’asile politique, l’Union soviétique ayant envahi la Hongrie pendant l’événement. Elle a finalement émigré en Israël, où elle s’est remariée et a eu deux enfants. Elle a enseigné l’éducation physique à l’Institut Orde Wingate, puis est devenue entraîneur de l’équipe féminine de gymnastique d’Israël. Ágnes Keleti a fêté son 100ème anniversaire dans sa ville natale de Budapest. « J’aime la vie, résume-t-elle. La santé est l’essence de tout. Sans elle, il n’y a rien. »
— Publié le 11 janvier 2021