Clap de fin pour Dmitry Shlyakhtin. L’ancien président de la Fédération russe d’athlétisme (RusAF) a été suspendu pour quatre ans par la commission de discipline de World Athletics. Il a été reconnu coupable de refus de coopérer avec les enquêteurs, d’avoir entravé le processus antidopage et d’avoir omis de rapporter un cas de dopage. Quatre autres dirigeants russes ont également été sanctionnés, dont Artur Karamyan, un ex membre du Conseil de la RusAF, dans le cadre de la même enquête sur l’affaire de dopage de l’ancien sauteur en hauteur, Danil Lysenko. L’Unité d’intégrité de l’athlétisme (UIA), chargée de faire toute la lumière sur ce feuilleton à rebondissements, a indiqué mercredi 17 février que son enquête de 15 mois impliquait « la soumission de documents falsifiés et de mensonges ». Les dirigeants russes ont été accusés d’avoir fabriqué de faux documents médicaux pour permettre à Danil Lysenko, médaillé d’argent aux Mondiaux 2017, d’échapper à une suspension après avoir manqué trois tests antidopage en une année. Pour les mêmes faits, l’ancien directeur exécutif de la RusAF, Alexander Parkin, l’ancienne administratrice de l’instance russe, Elena Orlova, et l’ex coordinatrice antidopage, Elena Ikonnikova, ont également été suspendus pour quatre ans. Mais pour les deux dernières citées, la sanction aura peu d’effet, puisqu’elles étaient déjà suspendues respectivement pour six et huit ans pour des faits liés au dopage. L’athlétisme russe perd donc un nouveau bataillon de dirigeants et administrateurs, mais le travail de l’UIA n’en est pas pour autant bouclé. Le dossier concernant Danil Lysenko et son entraîneur, Evgeniy Zagorulko, est toujours en cours d’instruction. Les sanctions devraient intervenir dans un second temps. « Ce sont des décisions importantes pour l’athlétisme. L’AIU a été créée pour être une organisation courageuse et indépendante, a expliqué David Howman, le président de l’AIU, dans un communiqué. Notre implication dans la mise au jour de cette conspiration et de comportements frauduleux démontre que l’AIU remplit son objectif, qui est de rendre les tricheurs responsables, quels que soient leur statut ou leur stature. » L’enquête de l’AIU a révélé l’imagination souvent sans limite des dirigeants russes pour couvrir leurs athlètes. Dans le cas de Danil Lysenko, ils n’ont pas hésité à inventer non seulement un faux dossier médical, mais également un faux accident de voiture pour justifier l’absence du sauteur en hauteur à un contrôle, et même un faux hôpital où il aurait été soigné.
— Publié le 18 février 2021