Le débat s’annonçait animé. Il a tenu ses promesses. Gérald Darmanin, le ministre français de l’Intérieur, a défendu mercredi 22 mars à l’Assemblée nationale, jusque tard dans la soirée, l’utilisation de la vidéosurveillance lors des Jeux de Paris 2024. Cette mesure est contenue dans la nouvelle version de la loi olympique, examinée depuis le début de la semaine par les députés. Elle prévoit d’autoriser le couplage de la vidéosurveillance à un traitement algorithmique des images, un procédé censé permettre aux forces de sécurité de détecter des situations jugées anormales. Face à une opposition de gauche hostile au projet, Gérald Darmanin a expliqué que « beaucoup d’inexactitudes » avaient été évoquées par les opposants à cette technologie. « Il s’agit d’avoir un outil d’aide à la décision des forces de l’ordre, il ne s’agit pas de reconnaître des personnes, mais des situations », a-t-il patiemment expliquant, citant notamment les exemples de colis abandonnés ou de mouvements de foule. Le ministre de l’Intérieur a listé les nombreuses garanties prévues dans le projet de loi. Il a précisé que l’expérimentation se terminera à la fin de l’année 2024 et qu’elle interdirait la reconnaissance faciale et le traitement biométrique. Plusieurs amendements avaient été déposés par l’opposition, notamment contre l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique depuis des drones. Ils ont été rejetés. Réaction sans nuance la député écologiste Sandra Regol : « Vous vous cachez derrière l’argument que la reconnaissance faciale sera interdite pour cacher le fait que les données sur les visages seront traitées par les algorithmes et archivées. Cette loi propose de transformer en cobayes l’intégralité de la population sur le territoire français. » Les débats doivent reprendre ce jeudi à l’Assemblée nationale. Le projet de loi a déjà été adopté avec une confortable majorité en première lecture au Sénat.
— Publié le 23 mars 2023