— Publié le 9 juin 2020

Gabriel Dollé, passif mais fortuné

Athlétisme

Enfin. Le procès de Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), a bien débuté lundi 8 juin devant la 32ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Il a débuté et il a pu se poursuivre, la présidente du tribunal, Marie-Rose Hunault, ayant refusé la demande de renvoi déposée par l’avocat parisien de Papa Massata Diack. En l’absence de trois des six prévenus (le Sénégalais Papa Massata Diak et les deux Russes Valentin Balakhnitchev et Alexeï Melnikov), la vedette de cette journée d’ouverture a été Gabriel Dollé, 78 ans, l’ancien responsable de l’antidopage à l’IAAF. Il est accusé de corruption, pour avoir reçu 190.000 euros de pots-de-vin présumés entre 2013 et 2014. Pendant plus de trois heures, Gabriel Dollé a tenté d’expliquer son rôle dans l’affaire de camouflage des cas de dopage dans l’athlétisme russe. Selon lui, Lamine Diack lui aurait « demandé de considérer la situation financière très critique » de l’IAAF et le risque que la révélation d’un trop grand nombre d’athlètes russes dopés pourrait faire peser sur la signature de contrats avec des sponsors russes. Il aurait donc ralenti les procédures afin de « ne pas provoquer un scandale ». A la barre, Gabriel Dollé a expliqué que sa « gestion raisonnée » consistait à ne pas sanctionner officiellement et publiquement les athlètes russes, mais d’envisager une suspension officieuse, plus discrète mais contraire au règlement. « J’étais un peu prisonnier d’un engagement que j’avais pris avec mon président », a justifié Gabriel Dollé pour tenter d’expliquer sa lenteur à réagir après avoir découvert que plusieurs athlètes russes dopés étaient engagés aux Jeux de Londres 2012. L’argent ? L’ancien patron de la lutte antidopage a reçu un premier versement de 50.000 euros en espèces remis par Papa Massata Diack en 2013. Gabriel Dollé l’a présenté comme un « bonus » pour sa gestion des cas russes. Il a ensuite touché 90.000 euros, en deux fois, des mains de Lamine Diack lui-même, entre 2013 et 2014. Cette fois, Gabriel Dollé a expliqué qu’il s’agissait d’indemnités pour avoir été licencié de l’IAAF de façon « brutale et ingrate ». En espèces, une nouvelle fois. Le procès reprendra mercredi 10 juin, avec l’audition de Lamine Diack. Le Sénégalais risque jusqu’à 10 ans de prison.