Menace de gros temps sur le groupe Vinci. Selon l’AFP, le géant français du BTP est visé par une enquête de la justice française pour ses activités au Qatar dans le cadre de la construction des stades du Mondial de football en 2022. Vinci est accusé de « travail forcé » et de « traite d’êtres humains ». L’instruction a été ouverte le 25 novembre 2019 par le doyen des juges d’instruction de Nanterre, Serge Tournaire, après des plaintes déposées depuis la fin 2018 par les organisations Sherpa et Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), ainsi que par sept ex-employés indiens et népalais. Les plaignants accusent Vinci, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), sa filiale qatarie Qatari Diar Vinci Construction (QDVC) et leurs représentants, de « réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel ». Rien que cela. Selon l’ONG Sherpa, les ouvriers employés par Vinci au Qatar travaillent sur les chantiers du Mondial entre 66 et 77 heures par semaine. Ils seraient entassés dans des chambres exiguës aux sanitaires insuffisants. Leurs rémunérations seraient sans rapport avec le travail fourni. Enfin, ils seraient menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendication. Contacté par l’AFP, le groupe Vinci a assuré « réfuter toutes les allégations de Sherpa. » Pour sa défense, il met en avant les « nombreuses initiatives mises en place depuis dix ans au Qatar et qui ont inspiré les nouvelles réglementations sur les droits des travailleurs adoptées récemment par le pays. » En janvier 2019, un audit réalisé sur place par plusieurs organisations syndicales (CGT, CFDT et CFE-CGC) au sein des activités qataries du groupe avait conclu à l’existence de bonnes pratiques sur les chantiers en matière de recrutement et d’emploi.
— Publié le 26 février 2020