Profond malaise au comité d’organisation de la Coupe du Monde de rugby 2023 en France (8 septembre au 28 octobre). A un peu plus d’une année de l’événement, une enquête publiée mercredi 22 juin dans l’Equipe révèle un climat de travail « extrêmement dégradé« . Le quotidien sportif évoque notamment, témoignages à l’appui, un « malaise social profond » et un « management par la terreur« , à l’origine d’une cascade de démissions et de crises d’anxiété parmi les 70 salariés de France 2023. La situation s’avère assez grave pour avoir conduit le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques à décider, en fin de journée mercredi, de saisir tout à la fois l’inspection du travail et le comité d’éthique du Groupement d’intérêt public (GIP) de France 2023. Dans un communiqué, le ministère des Sports indique vouloir « faire toute la lumière sur cette situation » et attendre les conclusions de ces investigations le plus rapidement possible. La Fédération française de rugby (FFR) a annoncé de son côté convoquer le comité économique et social de France 2023, « afin que soit diligentée dans les meilleurs délais une enquête sociale« . Au coeur de l’affaire, Claude Atcher, le directeur général du comité d’organisation (photo ci-dessus), et sa cheffe de cabinet, Marie Houzot. L’enquête de l’Equipe raconte leurs méthodes pour le moins brutales et directives. Un témoin rapporte les insultes proférées par Marie Houzot à certains salariés : »T’es qu’une sale petite conne », « pauvre merde », »t’arriveras à rien si tu ne te sors pas les doigts du cul ». Un autre témoignage révèle la vision très personnelle de Claude Atcher de la Coupe du Monde de rugby 2023 : « C’est ma Coupe du monde ! », »c’est mon pognon ! », »sans moi, vous n’êtes rien ! », »vous êtes tous incompétents ! ». Interrogé par l’AFP mercredi soir, Claude Atcher n’a pas souhaité réagir, expliquant vouloir « laisser les gens chargés de chercher la vérité faire leur travail« . Pour rappel, l’ancien troisième ligne sera par ailleurs jugé en septembre prochain, avec le président de Montpellier Mohed Altrad et le président de la FFR Bernard Laporte, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de favoritisme autour du sponsoring du XV de France. La justice le soupçonne d’avoir notamment bénéficié, entre 2017 et 2018 via des prestations inexistantes payées à sa société Score XV, d’une somme d’environ 80.000 euros détournée par Bernard Laporte au préjudice de la FFR. De son côté, le GIP France 2023 s’est fendu d’un communiqué où il assure « prendre toute la mesure de la situation« , mais en ajoutant que « le leadership et l’autorité de Claude Atcher sont essentiels pour fixer et tenir le cap jusqu’à la clôture finale de la Coupe du monde de rugby« . Assez surréaliste, le communiqué poursuit : « L’organisation d’un événement international tel que la Coupe du monde de rugby implique, de facto, un rythme de travail soutenu dans des délais particulièrement contraints, qui sont la norme dans le secteur de l’événementiel« .
— Publié le 23 juin 2022