Cinq mois et quelques poignées d’heures séparent encore la République démocratique du Congo (RDC) et sa capitale, Kinshasa, de l’ouverture des Jeux de la Francophonie 2023 (28 juillet au 6 août). Les neuvièmes de l’histoire, mais les premiers organisés par l’état d’Afrique centrale, le plus peuplé des pays de l’espace francophone avec ses 96 millions d’habitants.
Initialement prévu en 2021, reporté à deux reprises, l’événement sportif et culturel a connu une préparation parfois délicate et souvent retardée. Mais les autorités de la RDC le répètent : il se tiendra bien aux dates prévues. Et pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire sportive du pays.
Qu’en pense le mouvement olympique ? FrancsJeux a interrogé le Tchadien Abakar Djermah, le président de l’Association francophone de comités nationaux olympiques (AFCNO).
FrancsJeux : Que représentent les Jeux de la Francophonie 2023 pour l’AFCNO et, plus largement, pour les comités nationaux olympiques des pays francophones ?
Abakar Djermah : Sur le plan sportif, une étape importante sur la route des Jeux de Paris 2024. A une année pile du rendez-vous olympique en France, les Jeux de la Francophonie à Kinshasa constituent un objectif à mi-parcours. Ils nous permettront de réaliser une analyse technique de nos athlètes et nos équipes dans la perspective des Jeux de Paris 2024. Pour cela, il faudra une forte participation des pays, notamment africains, et un ensemble de bonnes performances. Au-delà de cet aspect sportif, l’événement sera une occasion pour l’AFCNO d’affirmer un partenariat plus dynamique avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Un nouveau bureau a été mis en place, nos ambitions sont revues à la hausse. Nous souhaitons être plus impliqués dans la promotion et le développement du sport au sein de l’espace francophone.
Comment préparez-vous ces Jeux de la Francophonie ?
Nous assurons une relation permanente entre l’AFCNO et les comités nationaux olympiques des pays africains. Notre vision pour cet événement, et plus largement pour l’avenir de notre association, a été présentée et validée lors de notre dernière assemblée générale. Le plan d’action est clair et détaillé.
La participation sera-t-elle à la hauteur ?
Il est encore un peu tôt pour avoir une idée précise du niveau de participation, pays par pays et discipline par discipline. Nous en saurons plus à trois mois de l’événement. Mais nous préparons une réunion entre l’OIF, la CONFEJES (Conférence des ministres des sports de l’espace francophone) et l’AFCNO. Elle devrait permettre de définir ensemble un cahier des charges et nous permettre, espérons-le, de prendre un peu plus de responsabilités dans la préparation finale.
Pour un pays comme le Tchad, dont vous avez présidé le comité national olympique, comment se présentent aujourd’hui les Jeux de la Francophonie 2023 ?
Nous avons toujours été présents, avec une délégation forte, souvent entre 30 et 40 athlètes. Cela devrait être encore le cas cette année à Kinshasa. L’événement est fortement soutenu politiquement par le gouvernement, comme il l’est dans la grande majorité des pays africains. Comme vous le savez, l’Etat reste le principal bailleur de fonds du mouvement olympique sur le continent africain. Le soutien aux Jeux de la Francophonie ne se démentira pas cette année, surtout car l’événement se déroule en Afrique.
Comment imaginez-vous l’avenir des Jeux de la Francophonie, après l’édition 2023 à Kinshasa ?
Je crois que le moment est venu de leur donner une nouvelle impulsion. Aujourd’hui, l’écart reste très important entre les Jeux de la Francophonie et les Jeux du Commonwealth, notamment en termes de partenariat, de visibilité et de communication, mais aussi d’attractivité pour les athlètes. Cet écart peut être en partie comblé dans les années à venir. Après l’édition 2023, je souhaite que nous puissions travailler ensemble, l’OIF, la CONFEJES et nous-mêmes, pour mettre en place un mécanisme qui permette aux jeunes athlètes qui se seraient révélés par leurs performances de pouvoir aller de l’avant et poursuivre leur route vers le plus haut niveau.
Quel héritage peuvent laisser les Jeux de la Francophonie en République démocratique du Congo ?
L’événement peut permettre à la RDC, un pays à l’importante population de jeunes, de créer et développer dans certaines disciplines un circuit de compétitions nationales. Les installations vont être là, elles peuvent être utilisées pour proposer des épreuves nouvelles et accessibles. Les investissements publics ont été importants, mais ils ne seront pas rentabilisés avec un seul événement, même international. Après les Jeux de la Francophonie, la RDC peut voir plus loin, elle peut se positionner pour accueillir les Jeux Africains ou les Jeux Africains de la Jeunesse. Elle peut se projeter sur les quatre ou huit ans à venir, ne pas casser le rythme imprimé avec les Jeux de la Francophonie, et chercher à rentabiliser ses efforts et ses dépenses sur deux ou trois événements successifs.