Thomas Bach a pris sa plume. Le président du CIO a écrit au mouvement olympique, en fin de semaine passée, pour évoquer la guerre en Ukraine et les efforts de paix de l’instance basée à Lausanne. Son long courrier est titré « Give peace a chance« , les mots qu’il avait utilisés dans son discours à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin 2022. Il rappelle que le mouvement olympique a réagi très vite, seulement quatre jours après le début de l’invasion russe en Ukraine, en montrant sa solidarité avec le peuple ukrainien par une exclusion de la Russie et de la Biélorussie. « Une compétition entre athlètes issus uniquement de nations partageant les mêmes idées n’est pas un symbole crédible de paix, juste un événement sportif de plus, suggère Thomas Bach. Notre rôle consiste à être un contre-exemple à la guerre et aux divisions – et non à accepter, suivre et aggraver les clivages entre les peuples. Nous devons être unis au sein du Mouvement Olympique ; nous devons nous montrer solidaires pour accomplir notre mission unificatrice quelles que soient les circonstances. » Le dirigeant allemand poursuit, pour justifier l’abandon historique du principe de neutralité du CIO : « Nous continuerons donc à dénoncer les personnes et les organisations responsables de cette guerre, qui est une violation de la Trêve Olympique. C’est la raison pour laquelle aucune compétition ou manifestation sportive ne devrait avoir lieu sur le territoire de la Fédération de Russie ou de la République du Bélarus. Aucun symbole national ou étatique de quelque nature que ce soit représentant ces pays ne devrait être affiché lors d’un événement organisé par le Mouvement Olympique. Un argument facile reviendrait à dire qu’il s’agit d’une politisation du sport qui va à l’encontre de la Charte Olympique, laquelle exige la neutralité politique. C’est un piège dans lequel nous ne tomberons pas. Quiconque viole de manière aussi flagrante la Trêve Olympique par des moyens politiques, voire militaires, ne peut dénoncer les conséquences qui en découlent en affirmant qu’elles sont motivées par des raisons politiques. » Dans son courrier, Thomas Bach enfonce le clou : « Nous demandons instamment à toutes les organisations sportives du monde de protéger l’intégrité, l’équité et la sécurité de leurs compétitions en n’autorisant pas les athlètes russes et bélarussiens à y participer, ou dans des circonstances particulières, en interdisant au moins toute identification de leur nationalité. Cette approche protectrice est également partagée par les Fédérations Internationales de sports présidées par des ressortissants russes. » Enfin, il rappelle la création à l’initiative du CIO d’un fonds de solidarité pour l’Ukraine, coordonné par Sergey Bubka. « Le groupe de travail qu’il dirige a déjà pu fournir une assistance à bon nombre de nos amis olympiques ukrainiens par le biais des 25 bureaux régionaux du CNO ainsi que d’autres institutions y afférentes, explique Thomas Bach. Tous sont en contact avec d’autres CNO dont les pays ont déjà accueilli plus de deux millions de réfugiés, et proposent leur aide dans le meilleur esprit olympique. »
— Publié le 14 mars 2022