Menace de très gros temps pour le sport ukrainien. L’Agence mondiale antidopage (AMA) a publié mardi 26 octobre un rapport d’une enquête qu’elle a menée depuis 2019 sur les agissements de l’Agence ukrainienne de lutte contre le dopage. Ses conclusions sont accablantes. L’enquête de l’AMA, baptisée « Opération Hercule », révèle que l’agence ukrainienne antidopage aurait aidé certains athlètes à passer entre les mailles des filets de la lutte contre le dopage. Comment ? Elle a mené, depuis au moins l’année 2012, des prélèvements d’échantillons avec préavis injustifiés, en organisant des testes de sportifs, y compris de groupes de sportifs, dans le cadre de rendez-vous à ses bureaux. Cette pratique douteuse, dont l’objectif est de prévenir un athlète qu’il pourrait être positif en cas de contrôle réel, est contraire aux règles de l’AMA, selon lesquelles la collecte d’échantillons doit se faire sans préavis au sportif. « L’Opération Hercule a fait apparaître de graves soupçons sur l’intégrité des pratiques de tests antidopage de la NADC (l’autorité antidopage ukrainienne), sur sa compétence et sur certains membres de son staff, explique le directeur des investigations de l’AMA, Gunter Younger, dans un communiqué. De plus, la durée et l’effronterie apparentes de ces pratiques suggèrent des dysfonctionnements dans l’organisation de la NADC. L’Opération Hercule a des preuves corroborées et convaincantes que la NADC se livrait à des pratiques de coups de téléphone ou de contacts d’athlètes via leurs coaches pour requérir leur présence dans leurs locaux pour des tests le lendemain. » Au cours de sa longue enquête, l’AMA a découvert que ces pratiques intervenaient souvent en amont de grandes compétitions internationales. Une équipe nationale toute entière pouvait ainsi être invitée à venir se faire tester dans les bureaux de l’agence, pour vérifier son taux de positivité et éventuellement la mettre à l’écart ou en retirer certains éléments. Le rapport de l’AMA précise que six tests, au moins, ont été effectués avant les Jeux de Tokyo et présentés comme des contrôles hors compétition. L’Opération Hercules a également enquêté sur des allégations de dopage organisé à la Fédération ukrainienne d’athlétisme. Mais aucune preuve n’a été trouvée pour appuyer cette accusation. Des preuves potentielles de trafic d’EPO par une personne à l’intérieur de la fédération ont été découvertes. Mais l’accusé a nié les allégations.
— Publié le 27 octobre 2021