— Publié le 17 novembre 2020

Une loi pour diriger le monde

Etats-Unis

Inquiétant. Le Sénat américain a adopté, lundi 16 novembre, un projet de loi qui pourrait bien bouleverser l’ordre actuel des choses dans la lutte antidopage. Il autorise en effet la justice des Etats-Unis à engager des poursuites pénales contre toute personne reconnue coupable de faits de dopage lors de manifestations internationales impliquant des athlètes, des sponsors ou des diffuseurs américains. En clair, les Etats-Unis s’attribuent le droit de jouer les gendarmes mondiaux de la lutte antidopage, y compris pour des affaires se déroulant ailleurs sur la planète. Le projet de la loi dite Rodchenkov, du nom du lanceur d’alerte russe désormais réfugié aux Etats-Unis, a été adopté sans opposition par le Sénat, comme il l’avait été plus tôt par la Chambre des représentants. Il doit maintenant être signé par le président pour devenir une loi effective. « Cette loi fournira les outils nécessaires pour protéger les athlètes propres et sanctionner les responsables des complots internationaux de dopage, s’est réjoui Travis Tygart, le directeur de l’Agence américaine antidopage (USADA). Elle prévoit des sanctions pénales contre les fraudeurs. Elle protège également les dénonciateurs contre les représailles et prévoit des dédommagements pour les athlètes victimes de complots de dopage. » Le projet de loi a divisé le monde de la lutte contre le dopage. L’AMA, notamment, n’a jamais fait mystère de son hostilité à un texte susceptible de semer la pagaille dans le mouvement sportif international. Elle craint que la loi américaine, en se substituant aux juridictions sportives, compromette l’unité dans les règlements et les sanctions. L’AMA s’interroge également, à juste titre, sur la raison pour laquelle les sports professionnels américains (basket, baseball, football…) ne sont pas concernés par le texte de loi. « Si ce n’est pas assez bon pour le sport américain, pourquoi est-ce bon pour le reste du monde ? », se demande l’AMA. Bonne question.