Dix-neuvième épisode: la Suissesse Marianne Meier, directrice de la campagne « Children Win » de l’organisation Terre des Hommes
FrancsJeux: Quel a été votre parcours dans le mouvement sportif international?
Marianne Meier: Je suis une historienne. J’ai suivi des études en sciences politiques, avant de m’orienter vers les questions de développement par le sport. Un sujet pour lequel j’ai mené des projets un peu partout dans le monde, en Afrique du Sud, au Malawi, au Sri Lanka, en Colombie… Un parcours qui m’a amené jusqu’à un doctorat en pédagogie du sport. Pendant six ans, j’ai travaillé au sein de l’Académie suisse de développement, où j’ai notamment étudié les effets du sport sur le changement social. Pendant deux ans, j’ai collaboré avec la FIFA sur l’un de ses programmes, « Football for Hope ». En parallèle, j’ai longtemps joué au football pour le compte de différentes ligues. En février 2014, j’ai rejoint l’ONG Terre des Hommes.
Quel est aujourd’hui votre rôle?
Je coordonne depuis deux ans, sur le plan mondial, la campagne « Children Win » de l’organisation Terre des Hommes. Une campagne destinée à l’enfance, présente dans 64 pays dans le monde, à travers 840 projets. Je suis chargée d’animer ce réseau, d’informer sur nos actions, de communiquer sur les bonnes pratiques. Terre des Hommes fait partie de la « Sport and Rights Alliance », qui regroupe des ONG, des groupes sportifs et des organisations syndicales. On y trouve notamment Amnesty International, Human Rights Watch…
Que représente à vos yeux la francophonie sportive?
Une partie de l’histoire de l’olympisme. Avec Pierre de Coubertin et la présence à Lausanne du CIO, la langue française reste très présente dans cet univers. Elle évoque aussi pour moi les Jeux de la Francophonie, un événement qui n’atteint pas la taille et l’ampleur des Jeux du Commonwealth, mais constitue un modèle très intéressant.
Qu’attendez-vous des Jeux de Rio 2016?
A Terre des Hommes, nous avons beaucoup travaillé au Brésil, à Rio de Janeiro en particulier, sur les effets des Jeux sur les populations. Nous avons, par exemple, mandaté une société de production sud-africaine pour la réalisation d’un film documentaire, un court-métrage intitulé ‘ »The Fighter », qui raconte la vie d’une jeune Brésilienne expulsée de son domicile pour faire de la place aux constructions olympiques. Le film a été primé dans plusieurs festivals. Au Brésil, il est maintenant trop tard, les expulsions ont eu lieu. Mais le message doit servir pour la suite, il doit insister sur la nécessité de ne plus tolérer ces pratiques. A l’avenir, le premier parti à consulter pour un projet de grand événement sportif doit être la population de la ville et du pays.
Les valeurs et la pratique du sport peuvent-elles, selon vous, favoriser le « vivre ensemble »?
Bien sûr. Je le crois depuis toujours. J’en ai constaté la réalité à l’occasion de mes nombreuses missions à l’étranger. Au Sri Lanka, par exemple, j’ai eu l’opportunité de travailler sur un tournoi de cricket où étaient rassemblés des enfants cinghalais et tamouls. Il était prévu, dans l’organisation de la manifestation, que ces jeunes joueurs restent pour la nuit et soient hébergés dans des communautés différentes. Deux ans plus tard, ils continuaient à s’écrire à l’occasion du Nouvel An. Le sport avait de dépasser les clivages et d’oublier les conflits.