Aux Jeux paralympiques de PyeongChang, Benjamin Daviet avance sur un nuage. A la veille de l’ouverture, il avouait une féroce envie de ramener une médaille individuelle, voire une autre si le vent voulait bien tourner dans son sens. A sa première sortie sur les skis, samedi 10 mars, sur l’épreuve de 7,5 km du biathlon, il a raflé la mise. Un titre paralympique, le premier de sa carrière. Bingo.
Le lendemain, il s’est réveillé patraque, le souffle court et la gorge prise. Son parcours dans le 20 km de ski de fond en a souffert. Le Français s’est accroché. Il en a bavé. Mais à l’arrivée, une médaille d’argent a récompensé son courage. Mardi 13 mars, il a remis ses skis dans le bon ordre et décroché une deuxième victoire, dans l’épreuve du 12,5 km en biathlon. Trois courses, trois médailles.
Benjamin Daviet a vu sa vie basculer à l’âge où l’avenir vous tend les bras. A 17 ans, il est victime d’un accident de mobylette. Il s’en relève avec un genou en morceaux, le condyle gauche fracturé. L’opération est obligatoire. Elle va bousculer son existence. Pendant l’intervention, il attrape un staphylocoque doré qui va ronger le cartilage et l’articulation. Depuis, sa jambe gauche est bloquée. Face au drame, il cède à l’abattement, renonce à sa passion pour l’effort physique. Il raconte: « Et puis un beau jour, à 21 ans, j’ai décidé que j’en avais assez de ne rien faire. Je me suis remis au sport ».
Il le fait sans compter, en optant pour le ski nordique, une discipline où il est certain d’assouvir son envie de dépassement de soi et son besoin de grands espaces. Aux Jeux de Sotchi en 2014, Benjamin Daviet découvre avec discrétion et curiosité le décor paralympique. Il en ramène une médaille de bronze en relais open 4×2,5 km. « Avec le recul, je me dis que ce résultat constituait déjà une belle performance. A l’époque, je bossais à temps plein, 41 heures par semaine, comme plombier. Je m’entraînais après le boulot ».
Depuis, une poignée de podiums sur le circuit de la Coupe du Monde ont tapé dans l’œil des recruteurs de l’Armée de terre. Le plombier savoyard s’est changé en un militaire de carrière, détaché pour poursuivre sa carrière sportive. « Je peux m’entraîner comme un professionnel, explique-t-il. A force de répéter les gestes, de travailler la technique, d’enchaîner les 10 sur le pas de tir, j’ai fini par me doter d’un gros mental. Aujourd’hui, je sais faire face. Je suis costaud dans ma tête. »
A 28 ans, Benjamin Daviet traverse les Jeux de PyeongChang le sourire aux lèvres, avec la délicieuse impression de vivre dans un rêve. La magie paralympique.